2025-09-22 23:45:49 - Ils sont donc au moins une cinquantaine à avoir bravé l’interdiction à midi. Quelque 52 maires avaient hissé le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville, en même temps que la France doit reconnaître ce nouvel État, faisant fi des mises en garde du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, selon la place Beauvau.
« Ce soir, le président de la République annoncera à l’ONU la reconnaissance de l’État de Palestine. Nantes accompagne cette décision historique de la République Française en hissant, pour la journée, le drapeau palestinien », a écrit ce lundi matin sur X la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, alors que le drapeau flotte déjà devant sa mairie, a constaté une journaliste de l’AFP.
Un drapeau palestinien a également été hissé vers 9h40 au fronton de la mairie de Saint-Denis, en présence du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui avait appelé à ce pavoisement, au moment où le président Emmanuel Macron doit officialiser la reconnaissance par la France de l’État de Palestine lors d’une Assemblée générale de l’ONU.
« Il ne s’agit pas d’un acte militant de longue durée (…). Nous avons fait le choix de le faire sur un moment, c’est le temps de la reconnaissance de l’État de Palestine », a fait valoir auprès de l’AFP le maire socialiste de la commune, Mathieu Hanotin. Il a qualifié lundi matin ce jour historique.
Stains, Malakoff, Rennes…
Le maire PCF de Stains (Seine-Saint-Denis) Azzédine Taïbi a également « procédé à la pose du drapeau palestinien, ainsi que celui du drapeau de l’ONU et de la Paix », a-t-il déclaré à l’AFP. La bannière rouge, noire, blanche et verte devrait être exhibée au fronton d’autres mairies de la banlieue parisienne, telles Nanterre, Bagneux, Gennevilliers, Montreuil, Ivry-sur-Seine ou Corbeil-Essonnes.
À Malakoff, la maire communiste avait précédé l’appel et apposé un drapeau palestinien dès vendredi, resté sur le fronton de l’hôtel de ville, malgré une injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, sur recours du préfet des Hauts-de-Seine. Le drapeau palestinien a également été affiché à Rennes.
À Lille, le drapeau palestinien qui était déployé depuis la visite mi-septembre d’une délégation de sa ville jumelle Naplouse en Cisjordanie, a été ôté lundi matin au départ de cette délégation, a indiqué la mairie à l’AFP, et ne sera pas remis en place dans la soirée, à la demande du préfet. À Tarnos (Landes), le maire PCF Marc Mabillet, laissera aussi son drapeau flotter malgré un coup de fil du préfet. « C’est plus humain que politique », a-t-il ironisé auprès de l’AFP.
L’Intérieur appelle au « principe de neutralité des services publics »
De plus petites villes comme Chenôves et Quétigny, en banlieue de Dijon, ont emboîté le pas aux grandes. À Carhaix, commune de 7 300 habitants dans le Finistère, le maire régionaliste (DVG) Christian Troadec a expliqué à l’AFP avoir hissé le drapeau palestinien en réaction aux propos de Bruno Retailleau de n’avoir que le drapeau français. « D’abord, il y a aussi le drapeau européen, le drapeau breton, il n’y aura certainement pas que le drapeau français sur la mairie de Carhaix ! », a-t-il déclaré.
Bruno Retailleau a donné consigne aux préfets de faire respecter un « principe de neutralité des services publics ». « L’État non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement », a insisté ce samedi le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh.
Invité ce lundi matin de TF1, Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, a de son côté qualifié ces débats de « polémiques futiles ». « C’est un jour historique pour la paix et je ne souhaite pas (…) qu’il puisse être instrumentalisé aux fins de polémiques politiciennes, aux fins de nous diviser dans un moment où, plus que jamais, nous avons besoin d’être unis pour être fort », a-t-il ajouté.
Le Parisien avec AFP-Photo: AFP/Loïc Venance
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